Cet article vous est proposé par le Comité de Défense économique comme veille pour le secteur des fonds souverains. Il s’agit d’apporter un éclairage sur l’impact du plein essor du continent africain (croissance de 5% en 2012) sur ce secteur. N’hésitez pas à réagir en nous contactant à l’adresse : defense-economique@anaj-ihedn.org
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Pour cette année 2013, pas moins de 7 pays africains ont d’ores et déjà déclaré leur objectif de lancer leur propre fonds souverain. Un décision qui intervint pour la plupart à la suite de la découverte de nouvelles réserves gazières et pétrolières. Même si ce chiffre témoigne de la volonté grandissante des Etats africains d’optimiser les revenus issus de leurs ressources naturelles, il faut signaler que les fonds souverains ne sont pas pour autant une nouveauté sur le continent africain. En effet, le Botswana gère les revenus de ses mines de diamants depuis 1994 grâce au fonds Pula, et le Gabon finance depuis 1998 de grands projets sur son territoire grâce aux recettes pétrolières.
Etat des lieux
Fin 2012, on estime le montant total des actifs sous gestion du continent à environ 155 milliards de dollars US, soit 3% du total mondial des fonds souverains. A l’échelle mondiale, l’Afrique occupe donc une place modeste, contrairement à ses voisins des pays du Golfe qui, eux, représentent plus d’un tiers de l’encours mondial. Sur le continent africain, l’Institut des fonds souverains recense 9 fonds, dont deux se distinguant largement des autres en termes d’encours. En effet, les fonds de l’Algérie et de la Libye représentent à eux deux plus de 90% des actifs sous gestion du continent.
Abritant 30% des réserves mondiales et produisant plus de 60 variétés de métaux et de minéraux, l’Afrique est un continent particulièrement riche en matières premières. Aux cotés de pays traditionnellement producteurs comme le Nigeria ou l’Angola, qui disposent déjà de leurs fonds souverains, des découvertes récentes de pétrole et de gaz dans l’est et l’Afrique de l’Ouest font émerger d’autres pays producteurs. C’est dans ce cadre qu’en 2012, trois nouveaux fonds souverains ont été fondés en Angola, au Ghana et au Nigeria.
Les objectifs des fonds souverains africains
La création de fonds africains répond à deux types d’objectifs : (i) soit des fonds de stabilisation des revenus publics, qui protègent le budget de l’Etat contre les variations du prix des matières premières et des taux de change, (ii) soit des fonds d’épargne intergénérationnels, qui conservent la richesse pour les générations futures en la plaçant de façon à répartir les revenus de façon équitable sur les générations suivantes. On peut aussi souligner le fait que le Sénégal a lancé, au début 2013, le Fonsis, premier fonds souverain dans le monde à ne pas être adossé à des revenus d’hydrocarbures ou des réserves de change, mais à des actifs et participations de l’Etat, et ce, afin de financer le secteur privé du pays.
Les freins potentiels à l’atteinte de leurs objectifs
Toutefois, la bonne gestion des fonds souverains africains peut se heurter au principal frein du développement économique du continent depuis le début des indépendances : l’instabilité politique. En effet, l’opacité des fonds vis-à-vis de leur politique d’investissement et leur cadre institutionnel, peut faire naître certaines dérives. On peut citer à titre d’exemple l’ancien fonds souverain du Nigeria, dont plusieurs milliards ont disparus et dont on soupçonne une utilisation à des fins électorales. Pourtant, le code de bonnes pratiques, édicté à Santiago en 2008 par le Fonds Monétaire International, vise à instaurer un modèle de gouvernance solide pour les fonds souverains. Mais les fonds africains sont encore trop peu à les appliquer. En atteste la note minimale de la plupart de ces fonds, selon l’index de transparence établi par l’Institut des fonds souverains (Linaburg-Maduell).
La gouvernance doit donc être un pilier fort des futurs fonds souverains africains, afin de leur assurer une indépendance vis-à-vis du politique et une stratégie d’investissement transparente. C’est sur ce chemin que les fonds souverains africains pourront instaurer un climat de confiance, leur permettant de contribuer pleinement aux besoins de financement des infrastructures du continent, estimés à 93 milliards de dollars par an par la Banque Mondiale.
Florent Deschepper – 73e session, Paris, 2012
Membre du comité de Défense économique
Les fonds souverains africains
Pays |
Nom du fonds |
Date de création |
Origine des fonds |
Stratégie du fonds |
Montant des actifs sous gestion (Mds$) |
Index de transparence (Linaburg-Maduell) |
Algérie |
Fonds de Régulation des recettes |
2000 |
Pétrole |
Fonds de stabilisation |
77,2 |
1 |
Libye |
Libyan Investment Authority |
2006 |
Pétrole |
Fonds de développement |
65 |
1 |
Botswana |
Pula Fund |
1994 |
Diamants |
Fonds de développement |
6,9 |
6 |
Angola |
Fundo Soberano de Angola |
2012 |
Pétrole |
Fonds de stabilisation |
5 |
– |
Nigeria |
Nigerian Sovereign Investment Authority |
2011 |
Pétrole et gaz |
Fonds de stabilisation |
1 |
– |
Gabon |
Fonds Souverain de la République Gabonaise |
1998 |
Pétrole |
Fonds de développement |
0,4 |
1 |
Guinée Equatoriale |
Fonds de Réserves pour générations futures |
2002 |
Pétrole |
Fonds de développement |
0,08 |
– |
Ghana |
Minerals Development Fund |
2011 |
Or et autres minerais |
Fonds de développement |
0,07 |
– |
Mauritanie |
Fonds National des Revenus des Hydrocarbures |
2006 |
Pétrole |
Fonds de stabilisation |
0,03 |
1 |
Source : données de l’Institut des fonds souverains
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