L’enchaînement des crises internationales, les processus de démondialisation qui en résultent et la compétition technologique exacerbée ont mis au jour et introduit dans le débat public la question de la vulnérabilité individuelle des États. Celle-ci s’exprime non seulement dans les difficultés à gérer lesdites crises, mais également dans la capacité à disposer et à mettre en œuvre les moyens qui définissent les capacités d’un État à assumer ses missions et à asseoir sa puissance, le tout dans un contexte technique et économique qui rend incompréhensible l’impuissance apparente de la force publique. Les habitants des pays développés ont ainsi été également surpris d’apprendre que leurs pays ne fabriquaient plus leurs propres médicaments ou masques au moment du Covid, que de se rendre compte qu’ils ne disposaient plus suffisamment des moyens de se défendre en cas de conflit ouvert. Tous les secteurs sont touchés, si bien que chaque crise conduit en France à de nouveaux engagements sur la création de filières nationales pour déjouer le piège de la dépendance excessive envers l’étranger. Pourtant, malgré les annonces régulières, les cessions de fleurons nationaux dans des secteurs stratégiques sont légion et l’augmentation des alertes traduit autant une hausse de l’attention accordée à cet enjeu que de la portée grandissante du problème. Particulièrement prégnante dans les pays européens, l’appréhension de cet enjeu chez nos voisins doit intéresser la France. Alors que les relations en matière de défense se sont renforcées entre Paris et Stockholm à l’occasion de la visite du président de la République fin janvier, et que la Suède s’apprête à entrer dans l’OTAN, il nous semble intéressant de voir de quelle manière est abordé la sauvegarde des intérêts stratégiques suédois dans le cadre que nous avons brièvement dépeint.