Compte-rendu – L’industrie de défense est-elle soluble dans l’Union européenne ?

 
Les Jeunes de l’IHEDN à Bruxelles ont reçu Renaud Bellais le 20 février, économiste et spécialiste de l’industrie de défense et conseiller du CEO de MBDA. Il est intervenu pendant plus d’une heure sur les spécificités de l’industrie de défense, une industrie politique, par construction, ce qui la distingue et crée des défis particuliers.
Un marché naît d’une rencontre de l’offre et de la demande. Or dans le domaine de la défense cette rencontre spontanée ne peut s’effectuer : le marché est construit par le politique spécifiquement pour répondre aux besoins de l’Etat. Jusqu’au lendemain de la guerre froide, les grands pays étaient capables de financer leurs programmes de défense pour répondre à leurs besoins, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui dans la plupart de ces pays. Aussi l’idée de créer un marché européen a-t-elle du sens mais paradoxalement les Etats membres sont réticents à « abandonner » cette industrie aussi stratégique. Pourtant le morcellement des programmes de défenses dans l’UE incite à la coopération industrielle. La constitution de MBDA en 2001 illustre cette nécessité de créer des coopérations pour préserver les compétences que les Etats européens seuls ne peuvent plus soutenir.
Face aux contraintes budgétaires nationales, les programmes européens se présentent ainsi comme l’un des derniers moyens de préserver l’autonomie stratégique de l’UE. Ainsi, le Président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a annoncé en septembre 2016 la création d’un fond européen de défense. Doté de 13 milliards d’euros, ce fond européen de défense aura pour objet de coordonner, compléter et renforcer les investissements nationaux dans la recherche de défense, le développement de prototypes et l’acquisition d’équipements et de technologies de défense.
Si ces avancées à l’échelle européenne sont le signe d’une prise de conscience de la nécessité de réduire le dédoublement des dépenses de défense afin d’atteindre les niveaux d’investissements nécessaires pour préserver notre autonomie stratégique, une vision commune de la défense européenne reste encore à construire. Le rôle des institutions communautaires sera clé dans cet exercice pour dépasser l’hétérogénéité des préférences nationales et créer, à l’image de Galileo, un bien commun que les européens s’attacheront à défendre collectivement.
Les discussions se sont poursuivies avec l’intervenant autour de quelques bières au bar de l’aéroclub royal de Belgique réservé pour cette occasion.

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