L’Afghanistan face au casse-tête de l’opium taliban

En Afghanistan, les Talibans semblent plus puissants que jamais. Bénéficiant d’une assise territoriale record, principalement constituée de territoires conquis dans des provinces périphériques et frontalières avec le Pakistan telles que celles du Helmand et du Nangarhar, l’organisation islamiste née en 1994 menace de plus en plus les intérêts du gouvernement afghan. Pour ce dernier, le nœud du problème taliban réside en partie dans une ressource économique prenant la forme d’une épaisse gomme noire tirée du pavot : l’opium. En raison de multiples facteurs, la question de la lutte contre la production et le trafic de ce psychotrope rapportant des milliards de dollars demeure, pour l’État central comme pour son allié américain, extrêmement complexe.  

Auteur : Victorien BOURGEOIS, membre du Comité Moyen-Orient et Mondes Arabes des Jeunes de l’IHEDN

Corrections et relecture : Adrien NAIZET

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« Sans la drogue, cette guerre serait terminée depuis bien longtemps », déclarait en octobre 2017 Ashraf Ghani, le président de la République Islamique d’Afghanistan. S’il semble difficile d’affirmer de tels propos avec autant de certitudes que le chef d’État afghan, nul doute qu’ils pointent du doigt un problème majeur dans la lutte contre les Talibans. Le pays en conflit depuis maintenant plus de dix-sept ans est en effet, et de loin, le premier exportateur mondial d’opium, de laquelle est dérivée l’héroïne[1]. Dans son dernier rapport, l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) estime qu’entre 360 et 610 tonnes d’héroïne de qualité exportable ont été produites en Afghanistan en 2018. L’année précédente, le même rapport de l’office onusien faisait état d’une production record, ayant potentiellement atteint la barre des 900 tonnes. Une diminution de la production toute relative si on la met en perspective avec les dix dernières années : en 2009, on comptait approximativement 380 tonnes d’héroïne afghane pour 450 tonnes produites dans le monde. En un peu moins de dix ans, la production d’héroïne en Afghanistan aurait donc presque triplé.
 

RATIONALISATION DE LA PRODUCTION TALIBANE, DURCISSEMENT DE LA RÉPONSE AMÉRICANO-AFGHANE

 
Un constat sans appel qui a convaincu l’armée américaine de bombarder lourdement les laboratoires de transformation de l’opium contrôlés par les Talibans, principalement dans la province du Helmand, au sud-ouest du pays[2]. Autrefois réticent à agir ainsi de peur de s’aliéner les populations locales en faisant des victimes civiles, l’état-major américain est passé à l’action en fin d’année 2017. Depuis, plus d’une centaine de raids aériens ont été menés par la Force aérienne afghane et l’U.S. Air Force sur environ une centaine des quatre-cents à cinq-cents laboratoires que détiendraient les insurgés à travers l’Afghanistan[3]. L’efficacité de cette stratégie est néanmoins difficile à évaluer. Quand bien même les armées américaine et afghane s’en défendent, leurs frappes provoquent des victimes civiles, principalement parmi les proches des Talibans. Sur le premier semestre de l’année 2018, qui a d’ailleurs enregistré un bilan record de victimes civiles, les opérations aériennes ont fait environ 149 morts et 204 blessés[4]. Soit une augmentation de 52% de victimes civiles causées par les bombardements. Mais comme l’affirme David Mansfield, spécialiste de l’opium afghan à la London School of Economics, les personnes résidant ou travaillant à l’intérieur de ces laboratoires ne sont plus considérées par les militaires américains comme des civils impliqués dans des opérations criminelles, mais comme des combattants ennemis contre lesquels l’utilisation de la force létale est légitime[5]. Par ailleurs, à l’image du mollah Adbul Manan lorsqu’il était encore en vie[6], les chefs talibans ordonnent régulièrement le démantèlement des laboratoires situés dans des zones habitées, pour les reconstruire dans les montagnes. En moyenne, un laboratoire se reconstruit en trois à quatre jours. Ainsi, en plus de se poser en protecteurs des populations rurales frappées indistinctement, selon eux, par les forces aériennes américaines et afghanes, les insurgés assurent en partie la pérennité d’une production dont ils tirent la majorité de leurs revenus.
 

Drone « Reaper » américain délivrant sa charge


 

RENDEMENTS D’ÉCHELLE ET INCITATIONS ÉCONOMIQUES : LA RECETTE GAGNANTE DES TALIBANS

 
Et pour cause. Si la production d’opium a sensiblement diminué en 2018 par rapport à l’année précédente[7], elle reste extrêmement importante. L’an passé, environ 263 000 hectares de terre étaient recouverts de champs de pavot destinés à la production d’opium, soit 80 000 hectares de plus qu’en 2016. Le niveau de production des douze derniers mois est en outre le deuxième plus élevé depuis 1994. Ainsi, sur les trois dernières décennies, on constate une augmentation importante, constante, et étalée sur une grande partie du territoire afghan de la production d’opium. Parmi les trente-quatre provinces que compte l’Afghanistan, seulement dix sont épargnées par la culture du pavot. Les provinces d’Helmand, Kandahar, Uruzgan et Nangarhar, sous contrôle taliban comme environ 55% du territoire afghan[8], concentrent néanmoins la plus grande part des cultures. C’est de celles-ci que les insurgés tirent la majeure partie de leurs ressources économiques. On estime ainsi que les Talibans gagnent chaque année plus de 200 millions de dollars grâce au trafic d’opium, ce qui représenterait environ 60% de leurs revenus[9]. Cette manne ne constituerait toutefois que 10% à 15% de l’argent destiné à financer leurs opérations de guérilla[10]. Pour la générer, ils prélèvent une taxe de 10% sur la plantation de pavot auprès des agriculteurs[11]. En outre, les insurgés sont quasiment les uniques acheteurs aux paysans producteurs d’opium dans les provinces qu’ils contrôlent. Cette situation de non-concurrence les place en position de force pour négocier un prix d’achat relativement bas, estimé en moyenne à 140 euros le kilo d’opium depuis 1994. En 2018, ce dernier a même chuté à un niveau record de 82 euros, en raison notamment d’une importante sécheresse. Rappelons qu’après raffinage dans leurs laboratoires afghans[12], les Talibans revendent généralement l’opium transformé en héroïne à raison de 2000 à 3000 euros le kilo, soit approximativement quinze à vingt fois plus cher[13]. Ainsi, un seul kilo d’héroïne permettrait d’acheter une quinzaine de fusils Kalachnikov, tandis que selon les dires d’officiels du gouvernement afghan, certains chefs locaux talibans dans la province d’Helmand récolteraient jusqu’à un million de dollars par mois[14]. Des sommes colossales qui, en plus de permettre l’achat de matériels de guerre et d’armements, autorise les insurgés à proposer des rémunérations attractives à leurs soldats, pour beaucoup âgés d’une vingtaine d’années à peine. Pour ces jeunes afghans, vivant généralement dans des régions rurales touchées durement par le chômage et l’absence de perspectives futures, les motivations économiques semblent primer sur les croyances idéologiques au moment de s’engager dans la lutte armée[15].

Pour de nombreux Afghans, l’engagement dans la lutte armée constitue une perspective économique non négligeable


Selon l’étude rapportée par le Bureau européen d’appui en matière d’asile en 2011, en moyenne, un combattant taliban gagnait autour de 240 dollars (environ 210€, valeur actuelle). Bien plus que dans n’importe quelle autre activité, agricole ou non. Ce salaire peut même doubler en cas de participation à un attentat contre un barrage, une clinique ou une école. Aussi, dans les provinces fortement concernées par la production d’opium, de nombreux jeunes afghans s’engagent aux côtés des Talibans pour lutter contre la politique d’éradication des champs de pavot[16], menée quasiment sans relâche par le gouvernement en dépit de ses résultats contre-productifs. Enfin, le groupe islamiste exonère les familles du paiement des impôts lorsque celles-ci lui offrent un ou plusieurs combattants. Ainsi, la production d’opium (et désormais sa transformation en héroïne directement dans les territoires contrôlés) est au cœur de la politique économique et financière des Talibans, qui ont tout intérêt à ce qu’elle continue à alimenter un marché mondial déjà saturé. La demande se diversifie néanmoins de plus en plus. Si la Russie et l’Europe occidentale constituent le gros du marché, représentant respectivement douze et dix-huit milliards d’euros environ, les exportations d’héroïne afghane en direction de l’Asie sont en pleine expansion[17]. Les États-Unis, qui ont dépensé plus de huit milliards de dollars pour lutter contre la production et le trafic de drogues en Afghanistan, et qui compteraient deux millions et demi d’individus dépendants aux opiacés sur son sol, sont en revanche alimentés en priorité par les cartels mexicains[18]. Du reste, la consommation mondiale d’opiacés, et plus particulièrement d’héroïne et de morphine, est en hausse substantielle. Une conjoncture qui fait évidemment les affaires de l’Afghanistan, et en premier lieu des Talibans.
 

DU PETIT PRODUCTEUR À L’ÉLU DE KABOUL : L’OPIUM COMME CONSTANTE DE L’ÉCONOMIE AFGHANE

 
Si l’on sait que les exportations d’opium bénéficient largement aux finances talibanes, elles apparaissent aussi et plus généralement, essentielles aux ménages ruraux afghans. Le fait que de nombreux jeunes du pays s’engagent en faveur des Talibans contre la politique gouvernementale d’éradication de l’opium souligne d’ailleurs toute la complexité du problème posé par la production et le trafic d’opiacés en Afghanistan, ainsi que le nombre d’acteurs qu’il convient de prendre en considération pour le résoudre. Selon le dernier rapport de l’ONUDC sur l’opium afghan, le psychotrope est devenu au fil des décennies une composante majeure de l’économie nationale, qui sécurise les moyens de subsistance de nombreux citoyens liés d’une manière ou d’une autre à sa culture. D’après les Nations Unies, plus de 60% des élus afghans à Kaboul sont intéressés financièrement, « de près ou de loin », au trafic[19]. Dans les milieux ruraux, en plus des ménages fermiers, la culture de l’opium fournit le gagne-pain quotidien de nombreux locaux et travailleurs migrants embauchés par les agriculteurs exploitants. Dans les provinces agricoles, les activités liées à la culture de l’opium représenteraient ainsi en 2018 environ 354 000 emplois à plein-temps[20]. Ainsi, le maintien du niveau de production à un niveau très élevé, malgré la baisse conjoncturelle des prix de vente pour les agriculteurs, souligne la forte dépendance économique des ménages afghans en zones rurales à la culture de l’opium. En l’absence de solutions alternatives légales aussi lucratives que le pavot, les conséquences négatives de la production d’opium à grande échelle n’en sont que renforcées. Pis, selon les experts de l’office des Nations Unies spécialisé sur la question, si les prix de vente pour les producteurs continuent à chuter, ces derniers pourraient être encouragés à étendre davantage encore les surfaces cultivées, aux dépens d’autres cultures licites comme le coton[21].
 
En définitive, pour le gouvernement afghan et son allié américain, en matière de lutte contre les Talibans et la production et le trafic d’opiacés qui en découlent, la situation semble plus délicate que jamais. Si l’on occulte la légère baisse de la production d’opium en 2018, en grande partie causée par une sécheresse au nord du pays, celle-ci demeure à un niveau extrêmement élevé. Jamais autant de provinces n’avaient été impactées par la production et le trafic d’opium.[22]. En l’absence de solutions alternatives légales et viables pour les agriculteurs exploitant le pavot, la politique gouvernementale apparait inefficace, voire contre-productif. Comme le préconise l’ONUDC, le problème de la production et du trafic d’opiacés doit être abordé selon les termes d’une responsabilité partagée, une faible partie des revenus générés par ces pratiques revenant à l’Afghanistan. Cibler la chaîne d’approvisionnement en opiacés à tous les stades, de la production à la distribution selon une approche internationale est plus que nécessaire pour espérer réduire la prolifération des champs de pavot en Afghanistan. Il s’agit en définitive, de lutter contre les Talibans en les coupant d’une part importante de leurs revenus.
 
[1] Cette substance latex issue du pavot, plante cultivée massivement par les paysans afghans, est à la base de la production d’héroïne. On estime qu’entre 85% et 90% de la production mondiale d’opium provient d’Afghanistan.
[2] L’US Army est présente en Afghanistan depuis l’intervention décidée par l’administration Bush dans la foulée des attentats du 11 Septembre 2001. On dénombre actuellement 14 000 soldats américains sur le territoire afghan. En mai 2011, au plus fort du conflit, ils étaient environ 100 000.
[3] Memphis Barker, « Taliban commander orders closure of opium labs in towns and cities”, The Guardian, 2018 [En ligne] Disponible via https://www.theguardian.com/world/2018/may/28/taliban-commander-orders-closure-of-opium-labs-in-towns-and-cities [Consulté le 4 janvier 2019]
[4] Selon la mission d’assistance des Nations  Unies à l’Afghanistan (Manua), 1692 civils ont été tués dans les six premiers mois de 2018 sur le territoire afghan. La moitié de ces morts sont dues aux attentats de l’État islamique du Khorasan. Les Talibans seraient quant à eux responsables d’environ 40% de ces pertes. Voir :
https://www.francetvinfo.fr/monde/afghanistan/afghanistan-nombre-record-de-civils-tues-au-premier-semestre_2851413.html
[5] Memphis Barker, Ibid.
[6] Le mollah Abdul Manan, commandant taliban de la province du Helmand, a été tué par une attaque de drone américaine, en compagnie de plusieurs autres cadres talibans, en décembre dernier. Sur ce sujet :
https://www.washingtontimes.com/news/2018/dec/2/mullah-abdul-manan-taliban-leader-killed-us-drone-/
[7] Selon le dernier Afghanistan Opium Survey de l’ONUDC, en 2018, la production potentielle d’opium a diminué de 29% par rapport à 2017. Elle serait ainsi passée de 9 000 à 6 400 tonnes environ, notamment en raison d’une forte sécheresse ayant touché le nord de l’Afghanistan. La politique d’éradication des champs de pavot menée par le gouvernement afghan, mais aussi la chute des prix de vente pour les agriculteurs permettent également d’expliquer cette baisse.
[8] Fin 2018, on estimait que les Talibans contrôlaient 55% à 60% du territoire de l’Afghanistan, soit une augmentation de 10 à 15 points de pourcentage par rapport à 2016. Voir Arnaud Jouve, « Afghanistan : l’échec de la lutte contre l’opium », RFI, 2018 [En ligne] Disponible via http://www.rfi.fr/hebdo/20180629-afghanistan-echec-lutte-contre-opium- drogue
[Consulté le 4 janvier 2019]
[9] Mujib Mashal, « Afghan Taliban awash in heroin cash, a troubling turn for war”, The New York Times, 2017 [En ligne] Disponible via https://www.nytimes.com/2017/10/29/world/asia/opium-heroin-afghanistan-taliban.html [Consulté le 4 janvier 2019]
[10] Jacques Follorou, « La culture du pavot bat des records en Afghanistan », Le Monde, 2013 [En ligne] Disponible via https://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2013/04/18/la-culture-du-pavot-bat-des-records-en-afghanistan_3161856_3216.html [Consulté le 4 janvier 2019]
[11] Gretchen Peters, « How Opium Profits the Taliban », United States Institute of Peace, 2009, pp.16-20 [En ligne] Disponible via https://www.usip.org/sites/default/files/resources/taliban_opium_1.pdf [Consulté le 4 janvier 2019]
[12] Auparavant, l’opium des Talibans était majoritairement extrait d’Afghanistan sous forme de gomme noire, pour ensuite être raffiné dans les pays voisins, au Pakistan notamment. On estime cependant qu’aujourd’hui, au moins la moitié de l’opium détenu par les insurgés est raffiné dans des laboratoires leur appartenant et implantés en Afghanistan, souvent près des champs de culture. Pour aller plus loin : Helene Cooper, « U.S Airstrikes in Afghanistan take aim at Taliban opium labs », The New York Times, 2017 [En ligne] Disponible via https://www.nytimes.com/2017/11/20/world/asia/airstrikes-taliban-opium.html [Consulté le 4 janvier 2019]
[13] « Du pavot à l’héroïne, les talibans afghans sur toute la ligne », La Dépêche, 2017 [En ligne] Disponible via https://www.ladepeche.fr/article/2017/08/08/2624784-pavot-heroine-talibans-afghans-toute-ligne.html [Consulté le 4 janvier 2019]
[14] Mujib Mashal, Ibid.
[15] Selon un rapport de l’Institute for War and Peace Reporting, environ 70% des jeunes combattants talibans se battent en priorité pour l’argent, et non par adhésion idéologique. Voir Rapport d’information sur les pays d’origine, « Afghanistan: stratégies des talibans — recrutement », EASO, Bureau européen d’appui en matière d’asile, juillet 2012 [En ligne] Disponible via https://www.refworld.org/cgi-bin/texis/vtx/rwmain/opendocpdf.pdf?reldoc=y&docid=516ea02a4 [Consulté le 4 janvier 2019]
 
[16] EASO, Ibid.
[17] En 2017, on estime qu’environ quinze à vingt tonnes d’héroïne ont été exportées vers la Chine en provenance d’Afghanistan. Sur la même période et depuis le même point de départ, approximativement 35 tonnes seraient parvenues en Asie du sud et du sud-est. Voir Arnaud Jouve, Op. Cit.
[18] Grégory Philipps, « Les overdoses d’opiacés, un fléau aux Etats-Unis : « Tout commence avec quelques pilules » antidouleurs », France Info, 2018 [En ligne] Disponible via https://www.francetvinfo.fr/sante/drogue-addictions/les-overdoses-d-opiaces-un-fleau-aux-etats-unis-tout-commence-avec-quelques-pilules-antidouleurs_2546945.html [Consulté le 5 janvier 2019]
 
[19] Jacques Follorou, « La production d’opium explose en Afghanistan », Le Monde, 2017 [En ligne] Disponible via https://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2017/11/17/la-production-d-opium-explose-en-afghanistan_5216268_3216.html [Consulté le 4 janvier 2019]
[20] United Nations Office on Drugs and Crime, « Afghanistan Opium Survey 2018 – Cultivation and Production », Novembre 2018 [En ligne] Disponible via
https://www.unodc.org/documents/crop-monitoring/Afghanistan/Afghanistan_opium_survey_2018.pdf [Consulté le 4 janvier 2019]
[21] United Nations Office on Drugs and Crime, Ibid.
[22] Jacques Follorou, 2013, Op. Cit.

   

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