Une introduction aux Phéniciens

 

Auteur : Rayan FAWAZ, membre de la délégation régionale Auvergne-Rhône-Alpes des Jeunes IHEDN

 

Relecture par le pôle publication de l’association

 

Cet article est issu de la contribution de l’auteur parue dans le n° 133 des Carnets du temps, la revue du Centre études, réserves et partenariats de l’armée de l’air.

Photo de couverture : La villa des fresques (Tipaza), Jean-Pierre DALBÉRA, Flickr.

 

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Le mot Phéniciens vient du grec Phoinikes. Il apparaît pour la première fois dans les témoignages homériques du VIII siècle av. J.-C. Les Grecs appelaient « Phéniciens » tous les habitants orientaux avec lesquels ils pratiquaient des échanges commerciaux. Plusieurs hypothèses ont été émises sur l’origine des Phéniciens, venus peut-être du Golfe Persique.
L’archéologie atteste par ailleurs que, si les Phéniciens sont en partie composés d’autochtones, les cités étaient ouvertes aux populations étrangères qui s’installèrent sur le territoire phénicien.
Celui-ci était composé de différentes cités-États dont les principales sont Sidon, Tyr, Arwad et Byblos. Elles s’étalaient sur la façade méditerranéenne du socle syro-arabe, correspondant actuellement à une bande traversant la Turquie, la Syrie, le Liban et Israel. Les colonies phéniciennes se sont implantées sur tout le pourtour de la Méditerranée, la plus connue étant Carthage.
 

Carte des routes commerciales des Phéniciens, Bourrichon, Wikipédia


 
L’histoire phénicienne s’étend sur neuf siècles, de -1200 à -332. Les cités se cantonnaient aux côtes marines et s’étendaient peu à l’intérieur des terres : elles s’y prolongeaient sur une cinquantaine de kilomètres environ, permettant l’accès à des ressources comme le bois dans les forêts du mont Liban.
Ces cités n’étaient pas reliées entre elles par voie de terre, les Phéniciens préférant effectuer le trajet par la mer. Elles étaient construites sur des promontoires rocheux, et des digues venaient s’ajouter à ce système de défense. Chaque cité était composée de deux ports orientés différemment, que les Phéniciens utilisaient selon les saisons.
Généralement attribué aux Grecs, le plan urbain orthogonal régulier serait à l’origine phénicien. En effet, à Beyrouth, a été découvert un système de conduit d’égouts couverts hiérarchisé, qui est bien antérieur aux systèmes grecs.
Le peuple phénicien étant ouvert sur la Méditerranée, l’essentiel de son activité reposait sur le commerce maritime. À cheval entre Orient et Occident, il occupait un rôle central dans la région.
La monnaie n’étant apparue à Byblos qu’à la fin de leur histoire, les Phéniciens utilisaient le système du troc à la muette qui consiste à échanger des marchandises sans contact direct entre les protagonistes. Les Phéniciens ont été de grands explorateurs : leur savoir sur la navigation et la construction des galères leur permettait de naviguer en haute mer. Vers -600, ils font ainsi le tour de l’Afrique.
L’économie phénicienne s’organise autour de l’agriculture et de la pêche, cette dernière permettant à la fois aux Phéniciens de se nourrir et de faire le commerce du pourpre. Ils ont ainsi développé la pêche au murex où ils extraient la couleur pourpre des glandes du mollusque. En diluant le pigment, ils arrivent alors à créer plusieurs teintures différentes. L’agriculture est quant à elle centrée sur la culture de céréales, d’oliviers et de vignes réputées tout autour de la Méditerranée. Le traité d’agronomie en 28 livres du Carthaginois Magon a traversé les âges et le pourtour méditerranéen, et fut même traduit en latin sur ordre du Sénat romain.
L’inventivité et l’ingéniosité des Phéniciens s’illustrent dans divers autres domaines. Dans la construction, les Phéniciens ont ainsi développé des techniques afin de construire en pente et de résister aux secousses sismiques fréquentes dans la région. Salomon fait appel aux architectes phéniciens afin de bâtir le temple de Jérusalem. Les Phéniciens auraient par ailleurs inventé la métallurgie, développant la technique de la granulation. Leur travail de l’ivoire est réputé. Les industries de la céramique et de la coroplastie se développent. Les artistes antiques voyagent alors d’atelier en atelier afin d’apprendre différents arts permettant à l’art phénicien, qui est composite, de s’enrichir et de se développer.
La plus grande des inventions phéniciennes reste néanmoins l’alphabet, vers -1200 à Byblos. Il est composé de 22 signes, exclusivement consonantiques. Le sens de l’écriture est de droite à gauche, comme en arabe moderne. Sa simplicité permet l’alphabétisation des différentes classes sociales phéniciennes.
Grâce à leur culture et à leur savoir-faire, les Phéniciens vont rayonner pendant plusieurs siècles malgré la domination des grands empires de l’époque.
 
 

1/4 de sicle, argent, Tyr, Phénicie, Bibliothèque nationale de France, Gallica

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