Sortie du rapport « Reconnaissance faciale » des Jeunes IHEDN ce mercredi 9 juin !

Ce mercredi 9 juin, les Jeunes IHEDN publieront leur rapport dédié à la reconnaissance faciale et à ses enjeux.

Dans cette attente, nous vous proposons d’appréhender la reconnaissance à travers des scènes de la vie quotidienne à travers les différents épisodes d’une nouvelle rédigée par Rémi de Fritsch.

Bonne lecture !

 

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EPISODE 1

Afin de mieux comprendre les usages de la reconnaissance faciale pour les citoyens, nous vous proposons une immersion dans un futur plus ou moins proche. Plongeons-nous dans la journée d’Antonin Lereux où la reconnaissance faciale l’accompagne dans son quotidien.

Il est 6h45, le réveil d’Antonin sonne, il se lève, enfile ses pantoufles et fait quelques pas pour arrêter le réveil. Ce dernier étant directement connecté à ses pantoufles, tant qu’Antonin n’est pas debout et n’a pas réalisé 15 pas le réveil ne s’arrête pas. Sa femme Alice l’imite et s’inquiète de ses yeux particulièrement rouges. Il se dirige vers sa cuisine en passant devant son PC équipé d’une caméra de reconnaissance et d’analyse faciale. Cette dernière l’a d’ailleurs détecté et a remarqué des traits tirés sur son visage, signe d’une nuit agitée. La caméra envoie alors automatiquement un message à sa machine à café pour ajouter une dose de caféine. Lorsque sa femme le rejoint, la caméra de l’ordinateur l’a aussi reconnue et envoie un message à l’extracteur de jus de fruit de lancer sa recette préférée pour optimiser son temps avant son départ au travail.

Une fois son petit déjeuner avalé, Antonin se dirige vers la salle de bain et se présente devant son miroir connecté. Après analyse, son miroir a détecté un début de conjonctivite (sa femme avait vu juste). Le miroir lui conseille alors de mettre du sérum physiologique pour ne pas apparaître plus fatigué qu’il ne l’est déjà ! Il applique donc les recommandations de sa femme soutenue par l’analyse faciale du miroir. Ce miroir connecté ne fonctionne que sur ordre d’Antonin ou de se femme. Les résultats de l’analyse faciale sont utilisés uniquement pour sa santé. La prochaine fois qu’Antonin ira chez le médecin, ce dernier sera en mesure de lui proposer des médicaments adaptés à ces antécédents. L’ensemble de ces données sont exclusivement sous la responsabilité du ministère de la Santé et ne sont utilisables pour aucune autre application.

Une fois prêt, il prend sa mallette, embrasse sa femme et part travailler.

Antonin habite Paris, c’est donc en métro qu’il se rend au travail. Pour éviter tout contact avec les portiques au moment de valider son titre de transport, Antonin a fourni sa photo d’identité pour passer sans contact. Lorsqu’il s’approche du portique et sans avoir à marquer un temps d’arrêt, la caméra située au-dessus le reconnaît et lui ouvre les portes. Songeur, Antonin se dit que ce système mis en place il y a cinq ans a permis de fluidifier le flux des personnes au sein des stations et faire sans aujourd’hui serait impensable. Ce système lui permet aussi d’éviter tout risque de contamination, son état de santé étant fragile en ce moment.

Arrivé dans son entreprise, Antonin se présente devant les portiques d’entrée qui, comme dans le métro, utilisent la reconnaissance faciale pour faire entrer uniquement ses salariés. Spécialisé dans le domaine du nucléaire, secteur stratégique pour la France, son entreprise a fait ce choix non pas pour fluidifier les entrées mais pour éviter toute persona non grata. En effet, il y a deux ans, des malfaiteurs ont agressé et volé un badge d’un salarié pour rentrer et dérober des documents classifiés. Si, malgré tout, des malfaiteurs arrivent à pénétrer dans l’entreprise, les caméras de surveillance sont en mesure de reconnaître tout comportement suspect et ainsi avertir les gardes de la sécurité spécifiquement formés pour ce cas d’utilisation.

 

EPISODE 2

Entre une réunion sur l’avancement de la construction de l’EPR à Flamanville et une autre sur le futur réacteur thermonucléaire expérimental international (ITER) en cours de construction dans le sud de la France, la matinée d’Antonin se déroule sur les chapeaux de roue. Il profite de sa pause déjeuner pour aller acheter un cadeau à sa femme qui fêtera, demain, son 38ème anniversaire. Plusieurs magasins disposent d’un système de caméras couplé à un écran en vitrine pour reconnaître si une personne fait partie ou non d’un programme fidélité. Si la personne fait partie du programme de fidélité, l’écran proposera une réduction spéciale en fonction de sa fidélité ; si la personne n’en fait pas partie alors le système proposera une offre de bienvenue. Corrélé à ces dernières recherches sur internet, une boutique de bijoux propose à Antonin une réduction de 10% sur un de leur produit. Il se renseigne, observe le produit et finit par l’acheter. Pour payer, Antonin peut faire usage de la reconnaissance faciale mais, pour des raisons personnelles, il a préféré ne pas fournir la donnée biométrique de son visage, il paiera donc avec sa carte bleue. Bien que les bases de données où sont stockées les identités des utilisateurs sont physiquement ségrégées entre tous les commerçants (ce qui rend impossible pour une autre entité d’utiliser ces données), il ne souhaite pas utiliser son visage pour payer. Certains de ses collègues le font, lui préfère garder un moyen de paiement par carte bleue.

L’après-midi d’Antonin est plus calme. Il en profitera pour quitter son travail plus tôt et acheter des fleurs à sa femme. A la sortie du magasin de fleurs, Antonin assiste à une scène surprenante. Un homme qui marchait le long des commerces se fait soudainement arrêter par les forces de l’ordre qui, cachées dans un hall d’immeuble, attendaient son passage. Antonin ne le saura que deux jours plus tard mais il vient d’échapper à un attentat qui aurait pu lui coûter la vie. En effet, le terroriste s’était déjà rendu sur ces lieux pour effectuer des repérages. De plus, il était connu par le renseignement français qui a enregistré des déplacements en Syrie et des messages évocateurs, preuves d’une radicalisation. Les caméras de reconnaissance faciale ont identifié jour après jour cet homme qui passait systématiquement aux mêmes endroits avec une démarche propre à celle d’une personne qui repère les lieux. L’ensemble du système n’a fait qu’émettre aux opérateurs un risque élevé de personne dangereuse effectuant un repérage. Les informations ont été transmises au renseignement français qui a corrélé avec sa base de données et a confirmé le risque émis par le système de reconnaissance faciale. Les forces de l’ordre ont pu alors intervenir avant que le terroriste ne passe à l’acte évitant ainsi de nombreuses victimes.

Le retour d’Antonin vers son domicile se déroule sans accroc, être parti plus tôt lui permet d’éviter les heures de pointe. Il reprendra son travail à distance une fois chez-lui avant de fêter l’anniversaire de sa femme. Tous les soirs, Alice et Antonin s’imposent une déconnexion totale de tous leurs appareils connectés (miroirs, montres ordinateurs…). L’utilisation est réservée au strict minimum comme appeler sa famille. Dans un monde où le numérique a une présence importante (son objectif étant d’attirer votre attention), se déconnecter pour ne plus soumettre son cerveau à de multiples sollicitations est devenu nécessaire pour s’attarder pleinement sur des activités qui leurs sont chères.

 

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