[EDITO] de novembre

Cette face qui pend, comme d’un démon écœuré de péché ;
Que votre oreille à chaque cahot capte ces gargouillis
De sang jaillissant des poumons rongés d’écume,
Ce cancer obscène, ce rebut d’amertume tel, immonde,
« L’ulcère à jamais corrompant la langue innocente, —
Ami, avec ce bel entrain plus ne direz
Aux enfants brûlant de gloire désespérée,
Ce Mensonge de toujours : Dulce et decorum est
Pro
patria mori « 

Lorsqu’il est question de commémorations officielles, il est peu coutumier de faire référence à ce poème pourtant célèbre de l’écrivain anglais Wilfred Owen, écrit en 1917 dans l’enfer des tranchées et étrillant sans équivoque la mythologie nationaliste sous la forme d’une moquerie directement adressée à Horace. Certains tenaient cette mythologie pour nécessaire. D’autres n’y voyaient qu’un mirage. D’autres encore (probablement la majorité, si l’on en croit les historiens) ne projetaient dans leur expérience guerrière que le sentiment d’un devoir pénible, mais nécessaire à accomplir.

Chacune à leur manière, ces expériences, aussi différentes soient-elles – mais toutes unies par le fracas des armes –  peuvent témoigner d’un engagement, d’un dévouement et d’une forme de don personnel. Comme un rappel saisissant que le monde existe en dehors de soi-même, et que le poids de l’Histoire et des évènements peut rapidement nous écraser. Pour notre association, participer aux commémorations du 11 novembre apparaît comme parfaitement naturel, tant la symbolique de l’engagement qu’elles revêtent y est présente.

Depuis deux ans, cette participation prend la forme de la mobilisation directe de nos bénévoles au bénéfice de l’Oeuvre nationale du Bleuet de France. Assumée en collaboration avec l’Office national des anciens combattants et des victimes de guerre, cette opération nous porte à la rencontre des citoyens, afin de sensibiliser à la mémoire de la Première guerre mondiale, mais aussi de récolter des fonds intégralement versés au profit de ceux qui, aujourd’hui encore, ont consacré leur vie au combat.

Dans sa symbolique (il était réputé, avec le coquelicot, être la seule fleur à repousser sur les champs de bataille labourés par les obus), le Bleuet représente la continuité, la transmission et la persistance de la vie et de l’espoir. À son modeste niveau, l’association contribuera la semaine du 11 novembre à ces impératifs si fondamentaux, convaincue que la jeunesse ne peut raisonnablement construire l’avenir sans conscience ni connaissance du passé. Je suis extrêmement fière de pouvoir, à mon échelle, y contribuer, et ne peut que vous enjoindre à y participer avec nos autres bénévoles (contact : albin.vernhes@jeunes-ihedn.org). Une cagnotte en ligne est également disponible ici et je vous invite à la partager aussi largement que possible.

Outre « l’opération Bleuet », le mois de novembre sera également marqué par deux temps forts pour les Jeunes IHEDN : le lancement des travaux de la Task Force Espace – sujet majeur dont les enjeux sont, pour user d’un euphémisme, vertigineux – et notre participation à la 3ème édition du Forum de l’innovation de défense, du 25 au 27 novembre. Deux séquences qui, d’une certaine manière, semblent se répondre : si nous faisons le choix de tenter – modestement – d’anticiper le futur dans nos travaux, il paraissait logique d’aller directement à la rencontre de ceux qui le construisent, ou tout du moins une partie d’entre eux !

Les mois de commémorations sont souvent objets de critiques : trop pompeux, trop institutionnels, trop visibles, trop tout.

Mais s’ils existent, c’est aussi parce qu’ils répondent – même imparfaitement – à un besoin, qui est celui de nous unir au passé, sans qui l’avenir n’est souvent que chaos. Et s’engager, c’est aussi avoir conscience de cette belle et éternelle réalité.

Hélène Rolet

Présidente des Jeunes IHEDN

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